Ma vie se résume à trois choses : je me lève tricot, je mange tricot, je dors tricot.
Parfois même, je parlerais bien tricot, mais hélas, chez moi, le sujet est souvent relégué au rang des manies maternelles, avec l'obsession de la chambre rangée et le vice du verre à moitié plein.
Alors j'écris tricot.
Le tricot, c'est chouette : une bon modèle, un bon fil, des heures de bidouilles heureuses devant un bon (et grand, pour pouvoir caler les pages avec mon verre à moitié plein) livre, la dernière saison de Dr House, ou les oreillettes à musique vissées dans les esgourdes, alanguie dans un transat au soleil... Le tricot c'est beau, tellement que cette année, j'ai décidé de le porter. Le tricot, c'est hype, alors on trouve toujours une belle pelote à convoiter. Le tricot, c'est mobile et ça s'emporte même sur une plage en été.
Alors que, tenez, prenez la couture : patrons grandeur nature, tellement grandeur nature qu'aucune table n'est jamais assez grande pour les reporter...
Machine à coudre taillées pour gros bras sinon risque de se froisser un muscle rien qu'à imaginer lui faire monter un étage. Froissage automatique des tissus et fils coupés en série lors de la pose des biais et autres fanfreluches aventureuses. Inadéquation évidente entre l'ouvrage et son modèle, d'où la récurrente reprise de couture avec faufilage , refaufilage et sur-refaufilage. Impossibilité de détricoter le tissu et le rendre à l'état de rectangle réutilisable pour un autre ratage. Concentration maximum requise jusqu'à en oublier l'heure de "Café Crime" sur Europe 1, et l'arrivée du bus des enfants. Rentrés eux, toujours trop tôt avec leurs doigts sales et cette idiote habitude de prendre un goûter alors que la table de la salle à manger est toujours encombrée des restes atrocement mutilés d'un magnifique crêpe de soie, objet un instant de mes espoirs les plus fous à pouvoir réaliser un petite robe chic et sobre...
La couture, c'est nul ; surtout lorsqu'on la seule chose des explications que l'on puisse comprendre, c'est le numéro du bas de page du livre. À moins de parler couramment 国語.
Et pourtant...
Voici un robette pour ma très Fashion Victim Chipie patentée, modèle tirée d'un livre pour une fois traduit en français (modèle M, taille 110) : "Basiques pour petite fille", chez Hachette Pratique. Les tissus sont des batistes légères de coton trouvées au hasard des mes vacances.
Et rien que pour cela, grâce aussi aux aguicheuses de JCA, je vais remettre ça...dans le droit fil.